Vérité et mensonge


On l'a dit et répété: en temps de guerre, la première victime est la vérité. Dans la nouvelle guerre qui nous occupe (on l'aura vite oublié, soyez sans inquiétude; la prochaine déclenchera de nouveaux émois qui seront chassés par de nouvelles catastrophes, mais à la fin, les séries éliminatoires de hockey auront raison de tout cela).


La vérité, donc, est menacée. Le vieux dictateur, notre ennemi juré (depuis hier) est le premier menteur qui tente de nous berner par de faux communiqués évoquant ses nombreux supporters ou ses victoires sur le terrain. Les mauvais sont tous des menteurs.


Heureusement que nos médias à nous (les justes et les bons) nous servent une information vraie et démocratique. Quand on jette les bébés des couveuses, quand les armes de destruction massives pullulent, ou quand un fou bombarde son peuple, on le sait.


J'étais allé manger mon hot dog Chez Philippe, rue Amherst et j'ai pu lire dans le Journal de Montréal (jeudi 24 mars 2001, page 9) que «Khadafi attaque un hôpital». Hé oui, c'est ce qu'a «indiqué un habitant de la ville de Misrata». Un «porte-parole de la rébellion» a dit la même chose. Dommage qu'on ne connaîtra jamais leur nom. Heureusement que la coalition a de son côté, bombardé les troupes au sol du colonel Khadafi, notamment à Misrata où «selon un médecin, 17 personnes dont cinq enfants ont été tuées mardi par des snipers et des obus des forces gouvernementales» (question: le médecin, l'habitant et le porte-parole serait-elle la même personne?). Les bombardements de la coalition, heureusement n'ont pas fait de victimes (oui, mais comment va-t-elle gagner cette guerre, la coalition, si elle ne fait jamais de victimes? Bah, les bons l'emportent toujours, non?).


Oui, je sais, le Journal de Montréal n'est pas le plus sérieux de tous, même quand il s'alimente aux dépêches de l'AFP.


Soyons sérieux, donc. On regrettera de n'avoir pas vu d'images des victimes libyennes qui auront justifié le vote de l'ONU et l'intervention des États-Unis et de l'OTAN. Bon, la Libye est l'un des pays les plus riches et les plus développés de ce coin-là, mais il faut croire que les appareils photos, les caméras ou les téléphones portables étaient tous tombés en panne.


Heureusement, il y a des chiffres: 6000 morts. Et ce chiffre-là provient du président de la Ligue Libyenne des Droits de l'Homme (LLDH), Ali Zeidan. Bon, vous me direz que le président de la LLDH s'appelle plutôt Sliman Bouchiguir et que le nom de Zeidan n'apparaît nulle part sur le site officiel de la LLDH, mais en revanche, il apparaît sur la liste du Comité Nationale de Transition (CNT), l'opposition tout ce qu'il y a d'officiel (du moins aux yeux des Occidentaux). On peut aussi le qualifier de «notre ami et allié», puisqu'il a aussi déclaré que pour le CNT, non seulement les contrats de pétrole seront respectés, mais que «le nouveau pouvoir prendra en considération les nations qui nous ont aidés». Quelle chance nous avons!


***


Les règles de la propagande de guerre

(Michel Collon, extrait)


Règle n° 1. Cacher les intérêts.
La règle la plus fondamentale de la propagande de guerre, c’est de cacher que ces guerres sont menées pour des intérêts économiques bien précis, ceux des multinationales.


Règle N°2. Diaboliser.
Chaque grande guerre commence par un grand «médiamensonge» qui sert à faire basculer l’opinion pour qu’elle se range derrière ses gouvernants. Pour qu’un tel «médiamensonge» fonctionne bien, plusieurs conditions sont nécessaires : 1. Des images épouvantables. Truquées si nécessaire. 2. Les marteler plusieurs jours, puis prolonger par des rappels fréquents. 3. Monopoliser les médias, exclure la version de l’autre camp. 4. Ecarter les critiques, en tout cas jusqu’au moment où il sera trop tard. 5. Qualifier de « complices », voire de « révisionnistes » ceux qui mettent en doute ces médiamensonges.


Règle N° 3. Pas d’Histoire !
Dans tous les grands conflits de ces dernières années, les médias occidentaux ont caché à l’opinion les données historiques et géographiques essentielles pour comprendre la situation des régions stratégiques concernées. La règle est simple. Occulter le passé permet d’empêcher le public de comprendre l’histoire des problèmes locaux. Et permet de diaboliser à sa guise un des protagonistes. Comme par hasard, toujours celui qui résiste aux visées néocoloniales des grandes puissances.


Règle N° 4. Organiser l’amnésie.


Lorsqu’une grande puissance occidentale prépare ou déclenche une guerre, ne serait-ce pas le moment de rappeler les grands «médiamensonges» des guerres précédentes ? NON. Ni débat, ni discussion, simplement l'oubli et la fuite (de l'information) en avant.


Bon, heureusement que les éliminatoires de hockey débutent bientôt... Vivement les choses sérieuses! (en attendant, j'irai quand même me procurer le livre d'Anne Morelli, Principes élémentaires de propagande de guerre)






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