Jacques Parc (1944-2010)

Mon cher Sylvain,


J'ai appris une bien triste nouvelle hier... Notre professeur, Jacques Parc est décédé. Pour moi, c'est un peu comme si je perdais un grand frère; je sais combien tu l'avais apprécié (et réciproquement, car lors de nos derniers échanges, il me parlait encore de toi et du profond souvenir que tu as laissé chez lui), et je voulais partager cette nouvelle avec toi et avec tout ceux qui se souviennent peut-être encore de ce professeur de français... pas comme les autres.

Avec une élégance naturelle et son éternelle désinvolture, il arrivait en classe, avec pour tout bagage, un livre sous le bras, mais la tête pleine de ses auteurs. Héritier de la culture classique, mais ô combien vivante, il pouvait passer de ses auteurs latins à Marguerite Duras, en évoquant les cinéastes de la nouvelle vague, les audaces du Nouveau roman ou l'univers de Joyce.

C'est grâce à lui (oui, grâce lui soit rendu) que j'ai découvert les véritables horizons de la littérature, qui justement, ne connaît pas de limites... (non, ne m'interrompt pas... à chacun son immortalité et son éloge de l'infini).

Je me souviens d'une fin d'après-midi, en juin... on devait être en 1975 et l'année scolaire était presque terminée. Nous nous sommes retrouvés, avec quelques camardes, en compagnie de Jacques, à découvrir (et déguster) les «subtilités» du vin Retsina, ce vin grec si spécial... Avec quelques olives, tomates et morceaux de féta, nous étions au cœur d'une Odyssée moderne et j'ai compris ce jour-là que, pour moi, Jacques resterait toujours un Ulysse des lettres: comme Socrate, il n'avait pas besoin d'écrire pour enseigner, mais jamais il ne cesserait d'explorer le monde de la littérature... Éternel voyageur, on dira aujourd'hui qu'il s'en est allé retrouver son doux pays... et sa bibliothèque.

Tu sera content, je crois, d'apprendre que hier, il a été salué par ses proches au cour d'une cérémonie toute religieuse. À ma très grande surprise, je l'avoue. J'ignorais tout des relations qu'il pouvait entretenir avec la foi. Elles existaient bien, puisque c'est lui qui a choisi de faire entendre ce texte tiré de la Bible et dont je ne me souviens que des premiers mots: «Seigneur, prends pitié du Chrétien qui doute...»

Pour ma part, je suis encore triste de n'avoir su profiter plus souvent de sa présence au cours des dernières années. Le temps n'est pas au regret, je sais, et je me console en pensant que nous continuerons de nous rencontrer, au fil des livres de ma bibliothèque, où il est toujours bien vivant.

Merci Jacques pour ce que tu as été et pour ce que tu es toujours.

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