Coup de gueule: Frédéric Lordon

Bbs m'envoie, le 1er avril (sur un billet du 22 mars, si bien que j'ai failli ne pas le voir...), cette citation de J.P. Vernant, spécialiste de la Grèce antique, qui décèle les premières crises financières... dans l'Antiquité grecque, au VIe siècle av J.-C., précisément. La citation va comme suit: «Qui possède veut plus encore. La richesse finit par n’avoir plus d’autre objet qu’elle-même (…), elle devient sa propre fin, elle se pose comme besoin universel, insatiable, illimité, que rien ne pourra jamais assouvir.» (Jean-Pierre Vernant, Les origines de la pensée grecque, PUF, 1962, p. 81).

Bbs fait encore mieux; elle m'envoie aujourd'hui la source d'où provient cette citation, soit un article de Frédéric Lordon dans le blog du Monde diplomatique. Intitulé Bonus et primes: le (résistible) chantage des «compétents», ce papier tout à fait étonnant me fait découvrir un auteur qui ne l'est pas moins. Économiste iconoclaste, chercheur au CNRS, Lordon, en ouverture de son texte, expose ceci:

De quoi Ubu est-il fondamentalement la figure ? Du despote parasitaire. Quelle est la puissance despotique d’aujourd’hui qui soumet absolument le corps social et le laisse exsangue d’avoir capté la substance de son effort ? Certainement pas l’Etat – dont on rappellera qu’il restitue en prestations collectives l’ensemble de ses prélèvements… – mais le système bancaire-actionnaire qui, lui, conserve unilatéralement le produit intégral de ses captations.

En clair, Lordon frappe (fort) sur la tête ds banquiers et, je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais, le plaisir est grand de le voir dénoncer tant d'injustice. Quand Lordon cite Vernant qui lui-même cite Theognis de Mégare (vers 540 av. J.-C), cela donne: Ceux qui aujourd'hui ont le plus convoitent le double. C'est ainsi que les dirrigeants des grandes firmes qui, d'une main, annoncent de quasi faillites, se votent de généreuses primes de l'autre...

La morale de cette histoire: attendez-vous que les banques (je parle des gros joueurs qui auront avalés les petits) engrangent sous peu des profits records et oubliez le mot crise associé au secteur des banques et gardez vos larmes pour vous si vous ne voulez pas en faire une crise.

La seconde morale de cette histoire est la suivante: les difficiles périodes que nous vivons ou que nous serons appelés à vivre ne devraient jamais nous empêcher d'exercer notre sens critique et la nécessaire opposition aux injustices, mensonges et autres manipulations...


Théognis de Mégare

* Ajouter plus tard: Je ne croyais pas me prononcer sur du court terme, mais j'ai bondi en lisant dans Le Devoir du 10 avril 2009, cette information concernant la Wells Fargo: La banque prévoit engranger un bénéfice record au premier trimestre d'environ trois milliards $US grâce à la forte reprise de ses activités de prêts.

** Ajouter plus tard encore: dans La Presse du 16 avril on peut lire ceci: JP Morgan Chase dépasse les attentes. «La banque américaine JPM a fait état jeudi d'un profit de 2,14 milliards de dollars US pour le premier trimestre de l'année, supérieur aux attentes du marché»

Ça commence à être déprimant d'avoir tant raison... L'immoralité de ces banques me donne la nausée...

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